À l’adolescence, j’ai reçu des billets pour un concert de Thelonious Monk et Art Blakey au Carnegie Hall, à New York — cette soirée a changé ma vie. J’étais fasciné par ce que j’entendais. Je ne comprenais pas tout, mais je savais que c’était exceptionnel et profond. Je me trouvais face à une forme d’art et d’émotion humaine d’une rare intensité, et j’ai décidé d’explorer le jazz plus en profondeur.

Après mes études, je suis devenu alpiniste et skieur. J’ai photographié les sommets de l’Ouest américain, d’Amérique du Sud et de l’ex-Union soviétique. Je suis ensuite revenu à New York avec l’intention de documenter le monde de la musique, en particulier la scène jazz. J’ai rencontré le grand batteur Art Taylor, qui m’a présenté à d’autres musiciens. Blue Note Records a découvert mon travail, et les grands magazines de jazz m’ont sollicité pour réaliser leurs couvertures. Tout s’est enchaîné, et je n’ai jamais arrêté.

J’ai eu la chance de vivre des expériences uniques dans des contextes intimes et privés — que ce soit en photographiant Sonny Rollins près du pont de Williamsburg ou en passant du temps chez Keith Jarrett. Ces portraits ont été réalisés comme les musiciens enregistrent en studio : en “session fermée”.

En 2008, j’ai commencé à produire des enregistrements “Live”. Comme en photographie, je cherche à capturer la spontanéité, l’irrépétable, la magie de l’instant. J’ai fondé Giant Step Arts, une organisation à but non lucratif qui aide les musiciens de jazz à réaliser leurs projets sans compromis artistique ni contraintes commerciales, tout en conservant la propriété de leurs masters. C’est ma manière de rendre à la communauté ce qu’elle m’a offert.

J’espère que mes photographies traduisent l’intensité de la vie urbaine à New York. Son énergie brute, son rythme effréné, la syncopation du trafic, le grondement du métro, les sirènes aléatoires, cette cacophonie sonore… New York a toujours été mon inspiration.